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Le Comte de Lautrec

 

Le Comte de Lautrec de Cahors

Fut enfermé à Ham le 22 juillet 1754

 

Beau, ardent, formé pour toutes les choses extrêmes, né pour les excès de la vertu ou pour ceux du vice, Lautrec avait rencontré une jeune fille belle comme lui, gracieuse et passionnée, mais chaste, pieuse, pleine de candeur et de modestie.

Lautrec l'aima comme il devait l'aimer, d'un amour furieux et désordonné. La jeune fille aima Lautrec tendrement et innocemment. Mais elle était de condition obscure, et n'avait point de biens pour s'en racheter. Lui s'imagina quelque temps que l'amour serait plus fort que la vertu...il se trompait. La pauvre fille étonnée et humiliée trouvait d'inépuisables secours dans sa pureté, elle eut voulu cesser d'aimer si sa volonté suffisait. Lautrec n'espérait point de fléchir l'orgueil de son père, et il n'essayait point. L'inutile passion qui le consumait devint un mal opiniâtre et profond. Son teint se flétrissait, son regard perdait sa vivacité, il vivait à l'écart, sombre, soucieux, taciturne.

Lautrec avait un oncle, élevé de bonne heure à de grande dignité dans l'église et qui avait montré beaucoup d'affection. Cet oncle remarqua les changements survenus chez son neveu et fit plusieurs fois de pressantes questions qui finiraient par aboutir. L'oncle entreprit de désabuser et d'affranchir son neveu. Il vit la jeune fille et épuisa auprès d'elle tous les artifices et toutes les séductions. Mais la vertu de la pauvre fille n'avait pas moins de profondes racines que sa passion. Le coeur de l'oncle en fut même troublé, et une pensée perverse, funeste, s'empara de lui. Le malheureux aima et osa le dire. Un cri d'horreur et d'effroi fut la réponse de la jeune fille.

Quand Lautrec apprit la trahison, il perdit la raison. Il saisit ses armes, suivit les traces de son oncle, l'atteignit au pieds des autels et tout revêtu qu'il était des marques de sa dignité, il le frappa et se rassasia de son sang.

Les cachots de Ham furent le refuge de son crime et de sa folie. placé dans un réduit fort obscur, il restait toujours couché, et sa seule occupation était de distribuer une partie de sa nourriture aus rats et souris qu'il avait apprivoisé. Sa barbe était d'une longueur démesurée. Lorsque l'on vint lui annoncer sa liberté, après quarante deux ans de captivité, il avait alors 80 ans. Il demanda qu'on le laissa à Ham, et les habitants de la ville eurent la générosité de l'adopter et de pourvoir à ses besoins jusqu'à sa mort.